Le 24 février 2022, la Russie a commencé à envahir le sol ukrainien. Mais sur le front cyber, les combats existent depuis bien longtemps . Peu de temps avant son offensive, par exemple, Moscou a piraté le réseau satellitaire KA-SAT.
L’Union européenne (UE) avait réagi en expliquant que les communications ont été significativement troublées par cet acte. Les citoyens, les sociétés et les services publics ukrainiens ont ainsi subi un impact, avait-elle déclaré. Son communiqué précisait aussi que de nombreux pays membres du bloc ont été affectés .
Face à l’intensification des combats, les États de l’UE devraient renforcer leur protection IT. Ils peuvent dans cette optique s'appuyer sur des consultants cybersécurité .
Après un peu moins de 12 mois de guerre, les offensives visant l’Ukraine s’accentuent . Elles ciblent les organismes de sécurité, les systèmes informatiques, les télécommunications mais aussi les infrastructures financières, commerciales et énergétiques. Le service d’intervention d’urgence informatique du pays (CERT-UA) révèle qu’en 2022, Moscou aurait été à l’origine de quelque 2 000 piratages . Seulement une partie d’entre elles ont été déjouées.
Face aux cyberattaques russes, le Grenier de l’Europe a signé des accords avec les géants technologiques américains . D’après le commandement de la cyberdéfense française (COMCYBER), qui surveille minutieusement les menaces informatiques :
Microsoft a été très active dans ces actions, mais aussi Starlink […] qui a fourni une capacité aux troupes et à la presse qui a pu diffuser de l'information.
Kiev a également signé une coopération avec les États-Unis. Une stratégie cyber a par ailleurs été bâtie avec la levée d’une « armée informatique » . Cette organisation de cyberguerre , constituée de volontaires, est vouée à piloter des piratages contre le Grand Ours. L’un de leurs succès porte sur la subtilisation de données du FSB, anciennement dénommé KGB. Un exploit qui leur a permis de révéler les identités de centaines d’agents du service de renseignement russe .
Selon le chef du COMCER, le général Aymeric Bonnemaison, l’Ukraine a échappé pour l’instant à un « cyber Pearl Harbor ». Moscou est toutefois capable d’en commettre un à tout moment, prévient-il . L’officier souligne que les cas observés en Amérique latine démontrent qu’un pays peut être piraté. L’exemple du Costa Rica, qui a dû décréter l’état d’urgence à cause de cyberattaques , a été évoqué. Le spécialiste du renseignement précise d’ailleurs que :
L'arme cyber est une arme du quotidien mise au point dans le secret pendant de longs mois.
Aymeric Bonnemaison
Alors que beaucoup pensent maintenant que Kiev a irrémédiablement réussi à cerner les menaces russes dans le cyber, Aymeric Bonnemaison demeure méfiant. Il incite même à mettre en doute la légende du pirate anonyme à même de mener solitairement une cyberoffensive . Le général explique que la force de frappe de la Russie a vraisemblablement été exagérée.
En revanche, il déconseille de croire trop vite à un triomphe, parce que :
[…] On ne sait pas aujourd'hui ce que Poutine a gardé dans sa manche. La guerre électronique bat son plein !
Aymeric Bonnemaison
D’après le commandement de la cyberdéfense, le pays des Tsars disposait des moyens de prendre Kiev, mais a échoué dans sa tentative. L’unité opérationnelle explique que le chef du Kremlin a souhaité épargner les infrastructures. Il croyait atteindre ses objectifs en quelques jours et prévoyait de s’en servir, décrypte-t-elle .