Le jeu vidéo et l’IA, une rencontre qui secoue le monde de la création. Ces six derniers mois, des intelligences artificielles génératives d’images se sont multipliées, telles que Midjourney, Stable Diffusion et Dall-E. Ce phénomène soulève des questions cruciales sur l’avenir de la création.
Les illustrateurs, artisans de l’art visuel, risquent-ils d’être évincés de la scène artistique par ces technologies ? Assistons-nous à une « destruction créatrice », où l’ancien cède la place au nouveau, ou bien à une cohabitation harmonieuse entre créativité humaine et IA ? Tentons de dessiner quelques pistes pour comprendre cette évolution.
Des problèmes de droits d’auteur
Historiquement, ces outils génératifs ont été formés en absorbant des milliards d’images d’Internet, sans distinction de droits d’auteur.
Le débat sur l’utilisation de l’IA dans la création artistique s’est enflammé lorsque Jason M. Allen, fondateur de Incarnate Games Inc., a remporté un concours d’art en attribuant son œuvre à « Jason M. Allen via Midjourney ».
Les jurés n’ont pas tous remarqué que celle-ci était en réalité le fruit de l’IA, déclenchant ainsi une polémique sur la légitimité de cette création.
L’historien de l’art Paul Ardenne considère l’arrivée de l’IA dans l’art comme une évolution naturelle de l’art technologique, une continuité dans l’exploration de la relation entre l’art visuel et la technologie . Cependant, l’inquiétude réside dans la démocratisation massive de l’IA, qui modifie notre perception de l’art en saturant nos sens d’images instantanées et spectaculaires.
Des réglementations sont en cours d’élaboration pour garantir une utilisation éthique et équitable de l’IA. Malheureusement, la question de la paternité artistique reste complexe, avec des jugements récents indiquant que les créations de l’IA ne sont pas soumises au droit d’auteur, sauf s’il y a une intervention humaine substantielle.
Une alliée ou une menace pour le métier d’illustrateurs ?
Dans le domaine des jeux vidéo, l’IA a déjà fait son entrée, parfois pour aider les illustrateurs à gagner du temps en fournissant des bases visuelles. Certains éditeurs utilisent l’IA pour créer des prototypes, suscitant des débats sur la créativité artistique.
Certains illustrateurs craignent d’être relégués au rôle de simples « retoucheurs » d’images . D’autres estiment, par contre, que l’IA peut être une source d’inspiration, et non un remplacement complet de la créativité humaine.
Selon eux, tous les travaux fournis par l’IA nécessiteront toujours la supervision d’une personne physique — une tâche professionnelle qui pourra être effectuée en mission freelance ou en tant que salarié d’une entreprise.
L’avenir de l’IA dans la création artistique reste incertain. Certains développeurs la considèrent comme un outil au service des créatifs, tandis que d’autres s’inquiètent de son impact sur les métiers artistiques traditionnels.