DeepMind a fabriqué une intelligence artificielle capable de remporter une partie de Stratego contre des joueurs humains. Meta a développé pour sa part un modèle qui a gagné sur Diplomacy, également face à de vraies personnes. Ces victoires marquent une évolution significative de la technologie, mais des spécialistes craignent des répercussions néfastes.
L’intelligence artificielle (IA) vient d’entrer dans une nouvelle dimension en parvenant à dominer Diplomacy et Stratego. Des jeux de stratégie fondés sur le concept « d’information imparfaite ». Ceci contrairement au Go et aux échecs, où chaque pièce sur le plateau est visible par les joueurs.
Les modèles d’IA ayant maîtrisé ces deux jeux de plateau ont été créés respectivement par Meta et DeepMind. Deux sociétés auprès desquelles les experts en informatique en freelance peuvent rechercher des missions. À cet effet, on leur conseille entre autres de visiter des plateformes spécialisées en ligne. D'autres options sont aussi envisageables : prospecter directement auprès des entreprises, explorer les réseaux sociaux professionnels, etc.
Cicero de Meta est un champion de Diplomacy
Dénommée Cicero, l’IA de Meta a pris part entre août et octobre derniers à 40 parties de Diplomacy sur Internet. Elle défiait des joueurs humains qui ignoraient être opposés à un programme informatique. À l’issue de ces sessions, ce dernier a terminé dans le classement des meilleurs joueurs. Il est même arrivé à la deuxième position du Top 19 des participants totalisant cinq parties ou plus. L’exploit s’avère remarquable, dans un jeu qui requiert un niveau élevé de collaboration avec de vraies personnes.
Diplomacy constitue un jeu de stratégie et de diplomatie dans lequel sept joueurs représentent chacun un pays. Ils doivent discuter et négocier afin de nouer des alliances et élargir leur influence. Le tout en restant vigilant face à de possibles trahisons. La partie est basée sur des séries d’échanges entre les participants. Chacun bouge ensuite ses forces de manière simultanée.
Cicero a été entraînée à l’aide d’informations de 125 261 parties sur la version en ligne du jeu d’Avalon Hills. Celles-ci ont été mélangées avec les renseignements de sessions jouées contre elle-même. Le module de raisonnement stratégique de l’IA a alors appris à :
- Anticiper les choix des autres participants ;
- Exécuter une action optimale selon ceux-ci.
Des experts redoutent un détournement des objectifs initiaux de l’IA
Le modèle d’IA de DeepMind est quant à lui appelé DeepNash. Il semble assez bon à Stratego au point de vaincre n’importe quel autre système à chaque fois. Le programme a également remporté 84 % des parties contre de véritables personnes aguerries. Il a fini troisième meilleur joueur de Stratego sur Gravon depuis 2002. Ceci au terme de 50 parties sur la plateforme de jeu en ligne.
Les prouesses réalisées par DeepNash et Cicero ont suscité de l’inquiétude chez certains spécialistes de l’IA. Un expert de l’Université du Michigan, Kentaro Toyama, a déclaré que ces programmes sont terrifiants et :
[…] Pourraient être utilisés pour faire le mal.
Kentaro Toyama
Il voit un risque dans leur aptitude à dépasser l’intelligence des humains et à réfléchir avec des tours d’avance. Sans oublier leur faculté à dissimuler des informations. Pour lui, l’IA pourrait être employée afin de concevoir des DeepFakes plus réalistes ou des escroqueries plus persuasives.
Kentaro Toyama prévient que l’intelligence artificielle peut être comparée à la puissance nucléaire d’aujourd’hui. Elle possède, selon lui, un potentiel énorme tant pour le bien que pour le mal. En l’absence de réglementation, l’IA dystopique évoquée par les ouvrages de science-fiction se produira vraiment, avertit-il.