Le recours à une application dédiée à l’euro numérique annoncée par la Banque centrale européenne est contesté par les banquiers. Pour ces derniers, ledit projet peut entraver l’atteinte de l’objectif de l’EPI quant à la promotion de portefeuilles électroniques. Les responsables du projet sont, quant à eux, plus sereins par rapport à l’annonce de la BCE.
À quelques pas du lancement de l’euro numérique, la Banque centrale européenne (BCE) met en place une stratégie. Différentes solutions sont alors envisagées pour faciliter l’usage de cette nouvelle monnaie dans la vie de tous les jours. Pour permettre la dématérialisation des paiements via cet argent digital, l’institution européenne annonce le développement d’une application . Si cette solution semble pratique pour l’Eurosystème, elle suscite néanmoins le mécontentement des banquiers. Pour eux, le recours à cette technologie peut nuire à la mise en œuvre de l’European Payment Initiative (EPI). En outre, la BCE mobilise l’expertise de consultants IT et d’autres professionnels de cabinets d’étude pour la réussite de son projet.
La BCE envisage le paiement numérique par application
La BCE prépare la mise en circulation de l’euro numérique . Sa sortie est prévue pour 2026 voire 2027. Par principe d’ inclusion financière , la banque européenne envisage de mettre la monnaie numérique à la portée du grand public. Au niveau des banques commerciales, tous les particuliers pourront y accéder, et ce, qu’ils soient titulaires de comptes ou non . Le projet prévoit par ailleurs la création d’un compte bancaire consacré exclusivement à l’euro numérique . Ouvert auprès des institutions financières commerciales, le compte en question est néanmoins séparé des comptes classiques . Il sera de plus plafonné à environ 2 000 euros.
En outre, parmi les possibilités de concrétiser l’emploi de la nouvelle monnaie, la BCE pense créer une application . Cette alternative permet d’assurer les paiements ou échanges , au même titre que les transactions en espèce ou par transfert bancaire.
Le membre du directoire de la BCE, Fabio Panetta, est concepteur et responsable de l’édition de l’euro numérique. Il résume l’usage de l’application en ces termes :
L’Eurosystème pourrait créer une nouvelle application propre à l’euro numérique, qui comprendrait uniquement des fonctionnalités de paiement de base opérées par des intermédiaires. L’euro numérique serait ainsi reconnu et mis à votre disposition, quel que soit l’endroit où vous vous trouvez en Europe.
Fabio Panetta
Les banques françaises sont opposées audit projet
Selon les dires de Fabio Panetta, l’application envisagée par la BCE ne comprend que des fonctionnalités de paiement de base . Toutefois, les banquiers sont fermement opposés à cette idée. Selon eux, ledit projet d’application de l’institution financière européenne entre en concurrence directe avec l’EPI . Il s’agit du projet de paiement, développé par plusieurs institutions bancaires en Europe. La finalité originelle de l’EPI était de s’aligner aux Mastercard et Visa. Ces derniers étant les moyens de paiement par carte promus par les Américains. Similaire à l’application de la BCE, son orientation actuelle porte sur la création d’un portefeuille électronique permettant des transactions immédiates .
Réticente à l’alternative de la BCE, la Fédération bancaire française (FBF) remet en question l’utilité d’une monnaie numérique. Concernant l’EPI, cette application ne représente pas une menace directe pour le système développé. Fort de ses progrès, l’EPI affiche une assurance justifiée face aux perspectives avancées par la BCE . En effet, le projet enregistre des succès dans sa future application, à l’instar de la collaboration avec Payconiq et iDeal. Par ailleurs, leur porte-parole rajoute que la monnaie digitale lancée par la BCE pourrait même devenir une composante du système de l’EPI .