Alors que beaucoup considèrent cette pratique comme une atteinte à leur liberté, la plateforme de vidéos YouTube estime qu’elle est en droit d’interdire l’utilisation des adblockers. Qu’en est-il réellement ? La question a été posée à des experts en droit, et les réponses restent nuancées.
Consentement accordé ou pas ? Difficile de trancher !
Le développeur Web de YouTube a créé un script qui s’installe sur le navigateur des utilisateurs et qui lui permet de détecter s’ils se servent d’un bloqueur de publicités.
En soi, le procédé n’a rien d’illégal, mais le problème se pose maintenant que la plateforme impose un ultimatum aux internautes : soit ils désactivent leur adblocker, soit ils doivent payer un abonnement mensuel de 12,99 euros pour accéder aux vidéos .
Après la plainte déposée par un « défenseur de la vie en ligne » pour violation du droit européen, il reviendra à la CNIL irlandaise de trancher et de décider si la plateforme a effectivement dépassé la ligne rouge.
En principe, toutes les plateformes en ligne qui cherchent à collecter et exploiter des données personnelles doivent obtenir le consentement de l’internaute concerné. Cependant, cette règle présente des nuances qui dispensent parfois ces sites de l’accord de l’utilisateur.
Comme pour toute règle, celle-ci comporte des exceptions. En effet, la nature du traceur (le script installé sur le navigateur) entre en ligne de compte.
Pour le moment, les autorités n’ont pas encore établi si les traceurs utilisés par YouTube revêtent vraiment ce caractère indispensable. Affaire à suivre donc.
Déterminer s’il s’agit d’une intrusion abusive
De nos jours, il n’est pas rare de voir des entreprises se livrer à des études comportementales des consommateurs.
La question qui se pose dans le cas de YouTube est la suivante : lorsqu’elle met en place de telles études en se servant de son outil de détection, s’agit-il d’une intrusion abusive dans l’intimité des utilisateurs ?
Si tel est le cas, le consentement devient inévitable. Refuser simplement de donner son accord permettrait alors de continuer à utiliser un bloqueur de publicités.
Dans le cas contraire, cela suscite des débats. Une fois cette question résolue, la prochaine interrogation portera sur la nécessité de la publicité pour la viabilité économique d’un modèle « gratuit » pour les utilisateurs.