En France, 6 créateurs d’entreprise sur 10 ont un statut de micro-entrepreneur, selon les chiffres de Bpifrance. Le freelancing connaît un essor fulgurant dans l’Hexagone : le nombre de travailleurs indépendants a explosé ces dix dernières années. Cette tendance s’inscrit au sein d’une mutation profonde du monde du travail, les actifs étant à la recherche d’une liberté accrue dans la conduite de leur trajectoire professionnelle.
Se lancer à son compte sans filet de sécurité peut toutefois comporter des risques. En effet, les revenus d’un freelance sont fluctuants et dépendent de sa capacité à construire un réseau solide afin de trouver des missions rémunératrices pour faire fructifier son activité. Cumuler CDI (Contrat à Durée Indéterminée) et freelance apparaît donc comme la solution idéale pour un lancement en douceur.
Mais le droit français autorise-t-il les travailleurs à associer CDI et freelance ? Quelles sont les conditions à respecter pour exercer simultanément ces deux activités ? Quels sont les avantages et les inconvénients de ce cumul ? Freelance-Informatique répond à toutes vos questions.
Le freelancing désigne un mode de travail et non un cadre juridique particulier : il s’agit tout simplement du fait d’être un travailleur indépendant. Le freelance est ainsi son propre patron. Il propose ses services à plusieurs clients, sans être lié par un contrat de travail et un lien de subordination à une entreprise. Il peut exercer son activité sous différents statuts : micro-entreprise, anciennement appelée auto-entreprise, SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle), EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée), portage salarial.
Le propre du freelance ? Son autonomie ! Il fixe librement ses tarifs, ses horaires et le type de missions qu’il souhaite effectuer. Il peut s’inscrire sur une plateforme freelance ou prospecter pour se constituer une clientèle. En contrepartie, il doit assurer la gestion administrative de son activité. Facturation, déclarations fiscales, paiement des cotisations sociales : c’est lui qui s’assure d’être payé et de régler ses charges auprès de l’État.
Un travailleur indépendant signe généralement un contrat de prestation de service ou de sous-traitance pour sécuriser et structurer sa mission freelance. Son salaire est variable : contrairement à un salarié qui touche une rémunération fixe, ses revenus dépendent du nombre de prestations exercées au cours du mois. Un entrepreneur peut cependant travailler simultanément pour plusieurs entreprises afin d’accroître son chiffre d’affaires.
En résumé, le freelancing offre une grande liberté dans la gestion de son temps et de sa charge de travail, des possibilités de revenus accrus et un enrichissement professionnel. C’est aussi un statut qui entraîne une certaine instabilité et une protection sociale réduite, ainsi qu’une gestion administrative et financière plus importante que le salariat.
À l’inverse, le CDI est un statut réputé pour sa sécurité financière et pour les avantages sociaux qu’il procure. Comme son nom l’indique, ce contrat ne prévoit pas la date à laquelle il prend fin. Il ne peut ainsi s’achever que par la volonté d’une des deux parties : le salarié ou son employeur, bien qu’il soit difficile pour ce dernier de le rompre sans motif réel et sérieux.
Dans le cadre d’un CDI, le salarié :
Le revers de la médaille ? Le salarié doit respecter la fiche de poste pour laquelle il a été recruté et donc exécuter certaines tâches définies, se conformer à des horaires précis, assister à des réunions obligatoires et obéir aux directives de son employeur.
Si le CDI apporte un cadre rassurant et sécuritaire aux salariés, de nombreux professionnels cherchent à gagner en indépendance, notamment les jeunes générations, très attirées par la liberté offerte par le freelancing. Lancer un projet en parallèle d’un emploi salarié peut aussi constituer un très bon moyen d’augmenter ses revenus. Mais peut-on cumuler CDI et freelance ?
Bonne nouvelle ! Le droit du travail français autorise le cumul d’une activité salariée et la création d’une entreprise, sans restriction de domaine : artisanat, commerce, profession libérale. Il n’est pas nécessaire de demander l’autorisation à son employeur pour se lancer en freelance en parallèle d’un CDI, sauf mention contraire figurant dans le contrat de travail.
Ce cadre légal s’applique au secteur privé. Dans le domaine public, le cumul d’une activité de freelance et d’un poste d’agent de la fonction publique est plus ardu. Il est encadré par le Code de la fonction publique, qui dispose que “l'agent public consacre l'intégralité de son activité professionnelle aux tâches qui lui sont confiées”. Dans certaines conditions, il est néanmoins possible d’exercer deux activités en parallèle en tant que fonctionnaire.
Avant de vous lancer en freelance, il est crucial de vous assurer que votre contrat de travail ne vous en empêche pas. Certains contrats incluent en effet une clause d’exclusivité, qui interdit au salarié d’exercer une autre activité professionnelle que son emploi principal.
Selon l’article L1121-1 du Code du travail, cette clause d’exclusivité n’est valable que si :
Cette clause d’exclusivité ne peut pas s’appliquer si le salarié est à temps partiel.
Si cette clause figure dans votre contrat de travail, elle peut également vous empêcher de lancer un projet en freelance. Elle interdit en effet à un salarié d’exercer une activité concurrente à celle de son employeur pendant leur collaboration, mais aussi durant un laps de temps après la fin de la relation contractuelle.
Elle vise à protéger les intérêts de l’employeur en empêchant la divulgation de savoir-faire, de secrets commerciaux ou de données sensibles.
Pour être valide, cette clause doit répondre à plusieurs critères :
En freelance, elle peut notamment restreindre la possibilité de travailler avec des clients du même secteur. Avant de signer un contrat incluant cette clause, il est conseillé de bien en vérifier les termes pour éviter toute restriction excessive.
L’obligation de loyauté est une règle qui s’applique à tous les salariés. Elle implique de :
Si ces règles ne sont pas respectées, l’employeur peut licencier le salarié pour faute grave.
En tant que freelance, vous pouvez opter pour différents statuts juridiques, qui s’inscrivent dans des réalités fiscales et administratives différentes. Les options les plus courantes sont la micro-entreprise, la SASU et l’EURL.
Si vous vous lancez en tant qu’indépendant tout en exerçant une activité professionnelle en CDI auprès d’une entreprise, le temps consacré à votre projet est généralement réduit. Par conséquent, votre chiffre d’affaires est lui aussi limité. La charge de travail consacrée à votre comptabilité et à votre gestion administrative doit également être la plus faible possible.
Dans ce cadre, la micro-entreprise semble être le statut le plus adapté pour le cumul de deux activités, en raison de plusieurs arguments :
Si votre projet freelance prend de l’ampleur, vous pouvez par la suite créer une société unipersonnelle telle qu’une SASU ou une EURL.
Un salarié est affilié au régime général de la Sécurité sociale. S’il exerce une activité freelance à côté de son emploi salarié, il est également assujetti à la Sécurité Sociale des Indépendants (SSI). Le cumul de ces deux fonctions entraîne ainsi une double cotisation.
L’organisme prenant en charge les frais est celui qui préexistait avant le cumul des deux activités. Si le travailleur était salarié avant la création de son entreprise, c’est donc le régime général qui subsiste.
Concernant la retraite, les cotisations se cumulent également. Le travailleur verse des charges auprès du régime général des salariés et de la section professionnelle dont relève son activité en freelance. Les pensions de retraite sont ensuite calculées en fonction des points cumulés pour chaque régime.
D’un point de vue fiscal, un actif à la fois salarié et freelance cumule plusieurs sources de revenus, qui sont imposées différemment en fonction du statut juridique choisi.
Concernant son activité salariée, le travailleur verse un Impôt sur le Revenu (IR), qui fait l’objet d’un prélèvement à la source apparaissant sur sa fiche de paie.
Quant à sa rémunération d’entrepreneur, tout dépend du statut qu’il a choisi :
L’alliance entre salariat et freelancing impacte parfois le taux d’imposition du travailleur. En augmentant sa rémunération, il peut passer à une tranche supérieure du barème de l’impôt sur le revenu. Il doit donc anticiper l’impact fiscal de cette double activité avant de se lancer.
Cumuler CDI et freelance comporte de nombreux avantages :
Associer salariat et freelancing comporte aussi des inconvénients à prendre en compte avant le lancement de votre projet :
Non, sauf si votre contrat de travail contient une clause d’exclusivité, une clause de non-concurrence ou si votre activité freelance est susceptible d’entrer en concurrence avec celle de votre entreprise. Dans tous les cas, il est conseillé de respecter votre obligation de loyauté et d’éviter que votre activité secondaire ne nuise à votre emploi en CDI.
Les principaux risques concernent le non-respect des clauses contractuelles, la charge de travail excessive pouvant conduire à un burn out, ainsi que des obligations fiscales et sociales mal anticipées. Bien gérer son emploi du temps, optimiser sa fiscalité et choisir le bon statut juridique sont les clés pour réussir à conjuguer CDI et freelancing.
Oui, un freelance peut quitter son CDI pour se lancer à plein temps. Il est conseillé d’avoir une clientèle solide, une trésorerie suffisante, mais aussi de bien anticiper la transition administrative. Certains freelances choisissent de négocier une rupture conventionnelle avec leur employeur pour bénéficier des allocations chômage pendant le lancement de leur activité.