L'objectif du Taux de Rendement Synthétique (TRS) est d'évaluer l'efficacité d'un outil de production et de contribuer à son amélioration. Défini depuis 2002 par la norme NF E60-182, le TRS est traditionnellement utilisé dans la production industrielle, mais il prend également toute sa place dans le secteur de l'informatique. C'est un indicateur qui évalue par un calcul précis la performance d'un équipement en mesurant l'efficacité globale d'une ligne de production, d'une machine ou d'un processus.
La fonction du TRS est de visualiser et d'affiner les écarts entre les objectifs prévus et les résultats obtenus. Il permet également de mesurer les pertes et d'en identifier l'origine. Le TRS est calculé sous forme de pourcentage, qui est d'autant plus élevé que l'équipement est opérationnel. Ainsi, un outil de production dont le rendement est performant obtiendra un pourcentage élevé, tandis qu'un équipement produisant peu de pièces satisfaisantes aura un score faible. L’objectif de toute entreprise est de s'approcher du TRS idéal de 100 %, score qui atteste d'une productivité maximale et par conséquent d'une bonne performance financière.
Cette unité de mesure fait partie des KPI (Key Performance Indicators), qui permettent d'évaluer la capacité de production d'une entreprise en général ou d'une machine en particulier. Essentiel pour contrôler et optimiser la production d'un système, le TRS (aussi appelé Overall Equipment Effectiveness ou OEE) est un indicateur clé dans l'industrie qui permet une amélioration constante de l'outil de production.
TRS et performance industrielle sont deux concepts intimement liés et interdépendants d'un point de vue économique : le TRS contribue à améliorer la performance industrielle qui, en retour, optimise les rendements financiers. Un TRS élevé permet une optimisation efficace des coûts, ce qui augmente la capacité à innover et à investir. Il assure une bonne gestion des risques financiers afin de protéger l'entreprise des fluctuations du marché.
Le TRS est composé de trois indicateurs clés définis par l'AFNOR : disponibilité, performance et qualité.
Le TDO (Taux de Disponibilité Opérationnelle) quantifie les pertes de productivité liées aux arrêts du système, qu'ils soient planifiés ou non. Il définit le temps de fonctionnement réel et opérationnel par rapport au temps prévu pour son utilisation. Pour obtenir un score maximal (soit 100 %), une machine ou un processus doivent être en fonctionnement permanent pendant le temps d'utilisation prévu.
Les facteurs impactant la disponibilité peuvent être internes à l'entreprise (micro-arrêts, pannes, réglages, contrôles, changements d'outils, etc.) ou externes (manque de personnel, défaut de matière première, etc.).
Le TP (Taux de Performance) mesure l'efficacité du système lorsqu'il est en fonctionnement. Il calcule le rapport entre le nombre de pièces produites et le nombre de celles qui auraient pu être produites selon la capacité théorique, dite nominale, de la machine. Autrement dit, il évalue la quantité produite par rapport à la quantité nominale pendant le temps de fonctionnement du système. Il mesure également la vitesse à laquelle l'équipement fonctionne par rapport à sa capacité.
La performance peut être freinée par les micro-arrêts, les ralentissements de cadence, le manque de procédures à destination des opérateurs, etc.
Le TQ (Taux de Qualité) évalue les pertes de productivité induites par la production de pièces non conformes, qui ne répondent pas aux exigences de qualité. Le TQ est le rapport entre le nombre de pièces conformes à la qualité attendue et le nombre total de pièces fabriquées.
La qualité des produits peut être altérée par des erreurs humaines, des défauts de production, des matériaux de mauvaise qualité, etc.
L'un des modes de calcul, le plus fiable, repose sur la multiplication de ces trois taux, dont chacun est compris entre 0 % et 100 %. Plus l'indice de TRS s'approche de 100 %, plus la ligne de production est efficace. La formule est donc :
Disponibilité X Performance X Qualité
Ce calcul intègre les pertes, ce qui permet de rendre compte du temps de fabrication réellement productif, mais aussi de percevoir les causes de la perte de productivité.
Il existe différents modes de calculs du TRS, notamment la formule suivante :
Temps utile / temps requis : soit le temps passé à fabriquer de bonnes pièces à la cadence nominale d'un outil de production divisé par le temps d'engagement de l'outil. Par exemple, avec un outil qui fabrique une bonne pièce en 6,4 minutes au lieu de potentiellement 6 minutes, on obtient un TRS de 87,5 %.
Des solutions existent pour améliorer le rendement d'une ligne de production.
Une méthode d'origine japonaise, la TPM (Total Productive Maintenance ou maintenance productive totale), offre différentes solutions pour augmenter le rendement des machines. Cette stratégie propose une démarche proactive pour éliminer les causes les plus importantes de dysfonctionnement : pannes d'équipement, réglages, micro-arrêts et attentes, pertes de vitesse sur la ligne, défauts en production, etc.
Identifier, corriger ou éliminer ces causes permet une réduction des temps d'arrêt de la ligne de production et, mécaniquement, une amélioration du TRS.
Les entreprises qui veulent améliorer leur efficacité peuvent également utiliser le TRG (Taux de Rendement Global), indicateur qui mesure la productivité d'une ligne sur une période déterminée. Cette méthode, qui fournit les données issues de l'ensemble d'une opération, permet de comparer une ligne qui fonctionne correctement avec une autre qui présente des anomalies. Contrairement au TRS, le TRG prend en compte les arrêts planifiés. Il vise à réduire les principales sources de pertes en fabrication.
Conçue elle aussi au Japon, la méthode SMED (Single Minute Exchange of Dies ou changement rapide d'outillage) permet de réduire le temps de changement entre deux périodes de production et par conséquent le temps d'arrêt des machines. Le principe est de produire des lots moins importants pour s'adapter aux changements de comportement de la clientèle.
Aujourd'hui, les entreprises doivent composer avec la transition numérique et l'industrie 4.0. Les machines connectées et la collecte automatisée des données s'imposent désormais dans les modes de fonctionnement du monde industriel. Grâce à ces technologies avancées, le calcul du TRS se fait plus facilement, de même que la détection et l'identification des pannes. Basé sur un système de "mouchard", ce mode de saisie automatique est intégré directement dans le processus ou la machine.
L'avantage est de réduire les interventions humaines, ce qui minimise le risque d'erreur, voire de fraude. Le TRS, généré automatiquement, peut être consulté en temps réel par les utilisateurs des différents logiciels, tels que l'ERP (Entreprise Resource Planning) ou le PDM (Product Date Management). Mais cet outil performant, lourd en matière d'investissement, n'est envisageable que sur des machines fortement automatisées où la mesure du TRS est permanente et sur le long terme.
Le TRS est un outil performant pour évaluer l'efficacité et l'optimisation des processus de production dans l'industrie manufacturière, mais il joue également un rôle majeur dans la gestion des services informatiques et des infrastructures IT (Information Technology ou technologies de l'information).
Dans ce domaine, l'objectif est d'évaluer et d'optimiser les performances des systèmes de production assistés par ordinateur, des centres de données, des chaînes automatisées, etc. Par exemple, les trois indicateurs du TRS (disponibilité, performance et qualité) peuvent s'appliquer aux sauvegardes de données informatiques en mesurant le taux de sauvegardes efficaces, leur vitesse et le temps pendant lequel elles sont opérationnelles.
Les mesures et données fournies par le TRS facilitent le pilotage de la production informatique et font évoluer le système en mobilisant plusieurs leviers :
Le TRS permet de mesurer les infrastructures et services IT au travers des trois mesures clés du taux de rendement synthétique :
De même, le TRS est pertinent pour mesurer la performance des services et des applications en ligne. L'outil évalue leur adéquation avec les besoins des utilisateurs finaux en mesurant le temps d'accessibilité des services (disponibilité), la rapidité et l'efficacité dans la réponse apportée à l'utilisateur (performance), ainsi que le taux de succès des transactions réalisées par les utilisateurs (qualité).
Le TRS peut également être utile dans l'optimisation des processus DevOps, qui visent une distribution plus efficace des services informatiques dans le but d'accroître la valeur ajoutée d'une plateforme. L'outil TRS contribue à l'amélioration de la collaboration entre les équipes en s'assurant de la disponibilité des différents environnements techniques impliqués, en mesurant la performance des actions engagées et en évaluant la qualité des logiciels mis en place.
Le taux de rendement synthétique peut s'ajouter et se conjuguer à différents outils utilisés dans la gestion financière des entreprises.
Le TRS et le FP&A (Financial Planning & Analysis) ont un rôle complémentaire dans la gestion d'une entreprise. L'outil TRS intervient dans l'évaluation de la performance, la gestion des risques, l'optimisation des ressources financières et opérationnelles, ainsi que pour l'aide à la prise de décisions. L'intégration d'un TRS dans un processus de FP&A permet à l'entreprise de garantir sa bonne santé financière et la performance de ses résultats.
Au même titre que le TRS, le S&OP (Sales and Operations Planning) est un concept porteur dans la gestion de la production et de la supply chain (chaîne d'approvisionnement). Les deux outils sont distincts, mais leur synergie permet d'améliorer l'efficacité et la compétitivité d'une entreprise. Le TRS donne des informations sur l'efficacité des équipements et le S&OP intègre ces données pour optimiser la planification.
Le TRS est impacté par les décisions liées aux CAPEX et OPEX, c’est-à-dire aux dépenses en capital et aux dépenses d'exploitation. Les entreprises doivent évaluer l'impact de chaque type d'investissement sur leur rendement. Une gestion efficace et stratégique de ces deux piliers budgétaires est importante pour améliorer la rentabilité globale et elle se traduit par un TRS élevé.
La production participative implique la participation active des salariés dans le processus de production et dans la démarche de prise de décision. Cette approche, qui part du constat objectif des employés sur leurs outils de production, peut avoir un impact significatif sur le TRS en agissant sur les indicateurs de performance.