60 % des cyberattaques exploitent des données d’identification volées ou des vulnérabilités logicielles bien connues, selon le rapport X-Force Threat Intelligence Index 2020 d'IBM. La même étude révèle que le signalement des données exposées a augmenté de 200 % entre 2018 et 2019.
Le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données), en vigueur depuis mai 2018, renforce l'obligation légale des entreprises à sécuriser leurs systèmes informatiques et à déclarer toute violation de données. Dans ce paysage, le pentest devient nécessaire pour tout type d’organisation : ce test d’intrusion permet d'optimiser la sécurité, de prévenir les attaques et de garantir la conformité aux réglementations en vigueur, afin de protéger la réputation et les finances des entreprises de toute taille.
Dans les lignes qui suivent, Freelance Informatique vous explique tout ce que vous devez savoir sur le pentest, son utilité et comment le mettre en place pour sécuriser l’ensemble de vos actifs numériques.
Le terme "pentest" vient de la contraction des mots penetration et test en anglais, soulignant l'objectif principal de cette pratique : tester la pénétration et l'intégrité des systèmes informatiques.
Le test d’intrusion, en français, est considéré comme une "cyberattaque préventive” qui permet d’évaluer la sécurité des actifs numériques tels que les applications, les sites web, les objets connectés et autres systèmes d’information. Cette méthode consiste à simuler une attaque informatique pour identifier et corriger les vulnérabilités avant qu’elles ne soient exploitées par des cybercriminels.
Les tests d'intrusion peuvent également inclure des évaluations de sécurité des points d'extrémité, dits endpoints (ordinateurs, appareils mobiles, etc.) pour identifier d’éventuelles failles de sécurité.
Contrairement à ce que l’on peut penser, la cybersécurité ne concerne pas seulement les grandes entreprises ou organismes gouvernementaux. Même les petites structures peuvent être la cible de cyberattaques. Les tests d'intrusion sont essentiels pour un large éventail d'organisations, notamment :
Les tests d’intrusion, initiés par l’organisation ou l’entreprise concernée, sont réalisés par des experts en cybersécurité, souvent autodidactes ou formés en ingénierie ou en informatique. Ces professionnels, appelés pentesteurs ou hackers éthiques, travaillent pour des cabinets de conseil en sécurité informatique ou en tant qu’indépendants. Il y a trois manières possibles de réaliser un pentest.
L’entreprise mène le test d’intrusion avec ses propres ressources. Rares sont les organisations qui choisissent cette option, car elle nécessite des compétences et des ressources humaines conséquentes.
L’organisation signe un contrat avec un cabinet de conseil en sécurité informatique. Le prestataire réalise le test sur une période déterminée, généralement une à deux semaines, et fournit un rapport détaillant les vulnérabilités et un plan de remédiation.
Il s’agit d’une solution intermédiaire. Ici, l’organisation fait appel à des hackers éthiques indépendants aux compétences variées. Ce modèle est plus rapide et flexible qu’un pentest traditionnel, mais demande plus d’implication de la part de l’entreprise.
Les tests d’intrusion se déclinent en plusieurs catégories, chacune visant à évaluer la sécurité d'aspects spécifiques des systèmes informatiques et offrant des avantages propres selon les besoins et les infrastructures de l'entreprise.
Que ce soit pour des usages internes ou externes, les entreprises utilisent de nombreuses applications, indispensables pour leur fonctionnement, mais qui constituent de potentielles portes d’entrée pour des cyberattaques contre l’ensemble de leur système d’information.
Le pentest applicatif vise à identifier les vulnérabilités potentielles dans le code des applications, des interfaces utilisateur et des flux de données, afin d’essayer de les pénétrer comme le ferait un hacker malveillant.
Aussi connu sous le nom d'équipe rouge, ce pentest simule une attaque réelle contre les systèmes d'une organisation. Il teste la résistance de la défense informatique, déjoue les mécanismes de défense classiques avec des méthodologies ingénieuses et évalue la capacité de l'entreprise à détecter et à répondre à une intrusion réelle. Le but est de mettre en lumière les points faibles du système visé et de permettre à l’organisation de renforcer la sécurité globale de son écosystème informatique.
Ce pentest examine la sécurité des infrastructures réseau et les possibilités, pour une organisation, d’être attaquée depuis l’extérieur (serveurs, connexion internet externe) ou l’intérieur (ses propres serveurs, routeurs, commutateurs ou périphériques réseau).
Avec la prolifération des objets connectés, ce pentest évalue la sécurité des appareils IoT ou des systèmes de contrôle robotique, spécifiquement s’ils sont reliés au réseau informatique.
En plus de devoir sensibiliser les collaborateurs à la cybersécurité, il est crucial pour toute entreprise de tester la réponse des employés aux tentatives de manipulation par des techniques comme le phishing. Ce test peut, par exemple, consister à envoyer, par e-mail un fichier malveillant, mais inoffensif, à tout un service pour évaluer la réaction des employés.
En dehors des pentests les plus courants, il existe d’autres tests d’intrusion qui répondent à des besoins et objectifs spécifiques :
Le pentest peut être réalisé sur trois niveaux d'information disponibles pour les testeurs et les droits d'accès accordés. Le choix de la méthode dépend de la tolérance au risque de l'entreprise et de la nécessité de découvrir des failles potentielles de manière exhaustive ou ciblée.
Dans cette approche, le pentester simule une attaque externe sans aucune connaissance préalable de l'infrastructure cible. Comme un hacker extérieur, il doit collecter des informations à partir de zéro, ce qui peut prolonger la phase de reconnaissance. Il évalue ainsi la résilience d'une organisation face à une attaque réelle, sans biais préexistant.
À l'opposé du Black Box, le pentest White Box implique une collaboration étroite avec l'équipe interne de sécurité de l'entreprise. Le pentester dispose d'un accès complet aux informations sensibles, telles que le code source, les diagrammes d'architecture et les données d'authentification pour explorer en profondeur la sécurité du système, en identifiant les vulnérabilités potentielles à un niveau avancé.
Vous le devinez, il s’agit d’une approche intermédiaire entre le Black Box et le White Box. Elle simule une attaque interne ou une compromission potentielle par un tiers avec un niveau d'accès limité, mais réel. Le pentester utilise une quantité limitée d'informations sur l'infrastructure, telles qu'un identifiant ou un mot de passe utilisateur, pour tenter une intrusion dans le système d’information de l’organisation. Le Grey Box permet d'évaluer la sécurité depuis une perspective plus réaliste, combinant la rigueur du Black Box avec les avantages du White Box.
La réalisation d’un test d’intrusion doit suivre une méthodologie bien précise. Si certaines des étapes suivantes sont incontournables, d’autres sont facultatives ou concernent des situations spécifiques.
Avant de commencer le pentest, il est essentiel de définir clairement les objectifs, la cible et le périmètre du test, incluant l'identification des systèmes, des réseaux ou des applications à tester, ainsi que les types spécifiques d'attaques à simuler.
Cette phase consiste à recueillir des informations sur la cible du test, qu’il s’agisse d’informations publiques sur l'entreprise, d’adresses IP, de noms de domaine ou de documents accessibles en ligne. Elle sert à cartographier le système d’information et à planifier efficacement les étapes suivantes du pentest.
Les pentesters procèdent à une analyse approfondie des vulnérabilités potentielles. Pour identifier les failles de sécurité telles que les configurations incorrectes, les vulnérabilités logicielles ou les erreurs de codage, ils utilisent des techniques manuelles ou des outils automatisés, à l’instar de :
Une fois les vulnérabilités identifiées, les hackers éthiques tentent de les exploiter pour accéder aux systèmes ou aux données sensibles. L’objectif ? Simuler les actions qu'un attaquant malveillant pourrait entreprendre pour compromettre la sécurité de l'organisation.
Par exemple, les pentesters peuvent vérifier l'efficacité des politiques d'IAM (gestion des identités et des accès ou Identity and Access Management) en testant la résistance à des tentatives d'accès non autorisées. Ils exploitent aussi les vulnérabilités d'injection SQL pour manipuler les bases de données et extraire des informations sensibles.
Après l'exploitation des vulnérabilités, un rapport est rédigé pour détailler les découvertes et inclure des recommandations visant à remédier aux failles détectées. Le pentesteur présente le document aux parties prenantes pour discuter des conclusions du test, des risques identifiés et des mesures correctives recommandées.
Enfin, il est essentiel de suivre l'implémentation des recommandations de sécurité émises dans le rapport. Cela peut impliquer la mise en œuvre de correctifs, la révision des politiques de sécurité ou la formation supplémentaire des équipes pour renforcer la posture de sécurité globale de l'organisation.
Le pentest doit être mené dans le respect strict de l'éthique et du cadre légal. Les hackers éthiques doivent avoir une autorisation formelle des propriétaires des systèmes testés. Cette approbation est documentée dans un accord formel. Ce contrat définit les objectifs, les périmètres et les limitations du pentest.
Sur le plan éthique, les pentesteurs doivent agir de manière responsable, minimisant les risques de perturbation des systèmes en production tout en augmentant la découverte des vulnérabilités. Ils doivent également protéger les données sensibles auxquelles ils pourraient accéder durant leurs tests. En parallèle, sur le plan légal, les lois et régulations en matière de protection des données, de confidentialité et de cybersécurité doivent être strictement respectées. Les normes internationales, comme le RGPD en Europe ou le CCPA (California Consumer Privacy Act) en Californie, imposent des restrictions spécifiques quant à la collecte, l'utilisation et la divulgation des informations personnelles.