Scrum est aujourd’hui la méthode agile la plus utilisée en entreprise : 56 % des équipes agiles auraient ainsi recours à ses principes selon une étude de la solution logicielle Version One. Face aux impératifs d’innovation et de rapidité d'exécution présents dans le milieu informatique, se tourner vers cette approche flexible et réactive est devenu incontournable pour résister à la concurrence.
Développée dans les années 1990, Scrum repose sur des cycles courts et itératifs appelés sprints, qui accélèrent et simplifient la réalisation d’un produit. Cette approche favorise la collaboration, la transparence et l’amélioration continue, ce qui la rend idéale pour les projets complexes, notamment en informatique.
Mais concrètement, qu’est-ce que Scrum ? Quels sont ses valeurs, ses principes fondamentaux et ses points forts ? Freelance-Informatique décrypte cette méthodologie clé de la gestion de projet IT !
Qu’est-ce que Scrum ?
Scrum : la définition
Scrum est un framework agile conçu pour gérer des projets complexes, notamment en développement informatique. Il s’agit d’une méthode agile, reposant sur une approche itérative et incrémentale de la conception des projets, en opposition aux démarches traditionnelles qui suivent un cours linéaire et chronologique.
Dans la méthodologie Scrum, le travail est découpé en cycles courts appelés sprints, qui ont une durée d’une à quatre semaines. Chaque sprint aboutit à un livrable fonctionnel et améliorable, ce qui permet d’ajuster le produit suite aux retours des utilisateurs et aux évolutions du marché, tout en disposant très rapidement d’une première version fonctionnelle.
Le saviez-vous ? Scrum signifie littéralement “mêlée” en anglais : cette image sportive évoque les valeurs de la méthode, basée sur le travail d’équipe, les échanges ininterrompus et la résilience demandée aux parties prenantes. La démarche a d’ailleurs été intitulée “rugby approach”, littéralement “approche rugby”, par les premiers chercheurs l’ayant abordée, avant d’adopter son appellation définitive.
Scrum repose sur plusieurs principes fondamentaux :
- Un cadre structuré et flexible : cette méthodologie fournit une organisation claire avec des rôles définis, des événements récurrents, parfois appelés cérémonies, et des documents clés nommés artefacts pour suivre l’avancement du projet ;
- Une approche empirique : les décisions sont basées sur l’observation et l’expérience, plutôt que sur des prédictions figées ;
- Une amélioration continue : à la fin de chaque sprint, l’équipe analyse son travail pour identifier des axes d’optimisation et améliorer ses processus.
La popularité de ce modèle provient de ses qualités qui profitent à l’ensemble des projets, notamment informatiques : une grande adaptabilité, une collaboration efficace entre les parties prenantes et une conformité aux attentes des utilisateurs finaux.
L’origine de Scrum
Scrum trouve ses racines dans les années 1980 et 1990, dans un contexte où le développement de produits informatiques était souvent rigide et inefficace. Le modèle dominant à l’époque, le cycle en V, imposait une planification lourde et linéaire, ne laissant que peu de place aux ajustements en cours de projet.
Le terme Scrum est utilisé pour la première fois dans une étude des chercheurs japonais Hirotaka Takeuchi et Ikujiro Nonaka publiée en 1986 dans la Harvard Business Review : “The New New Product Development Game” Les chercheurs y expliquaient que les équipes de développement les plus performantes fonctionnaient en petites équipes auto-organisées, faisant preuve d’une grande flexibilité et d’une communication fluide.
Cette approche a ensuite été appliquée au développement logiciel par Jeff Sutherland et Ken Schwaber, qui ont défini les bases du framework Scrum dans les années 1990. Ils ont officialisé ce modèle en 2010 dans le Guide Scrum, devenu la référence mondiale en gestion de projet agile. Ces deux spécialistes américains ont par ailleurs participé à l’élaboration du Manifeste Agile, document publié en 2001, dont découlent les différentes méthodes agiles utilisées aujourd’hui.
Les valeurs de Scrum
Scrum repose sur cinq valeurs fondamentales qui assurent une dynamique d’équipe efficace, en réduisant les frictions et en optimisant la productivité des équipes dans une démarche d’agilité :
- Engagement : chaque membre de l’équipe s’engage à atteindre les objectifs du sprint et à contribuer activement à la réussite du projet ;
- Courage : les équipes doivent avoir le courage de prendre des décisions, de tester de nouvelles approches et de signaler les problèmes en posant des questions difficiles ;
- Concentration : la méthode Scrum encourage à se concentrer sur les priorités et à éviter la dispersion, en limitant le nombre de tâches en cours grâce aux sprints ;
- Ouverture : la transparence est la clé de la méthodologie Scrum. Les membres doivent être honnêtes sur leur avancement et leurs difficultés, mais aussi ouverts aux suggestions d’amélioration ;
- Respect : chaque individu apporte de la valeur au groupe. La collaboration repose sur la confiance mutuelle et l’écoute active, que ce soit au sein de l’équipe de développement ou après du Scrum Master, rôle crucial pour le suivi des principes Scrum.
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Les fondamentaux de Scrum
Les rôles clés au sein d’une équipe Scrum
Dans la méthodologie Scrum, l’équipe de développement est auto-organisée et se repose sur trois rôles essentiels, ayant chacun des responsabilités définies :
- Le Product Owner (PO): c’est le garant de la qualité du produit. En tant que chef de projet, il définit et priorise les tâches, listées dans le backlog produit, et communique avec l’équipe de développement pour s'assurer que les livrables correspondent aux attentes. Enfin, il optimise la valeur du produit en définissant les pistes d’amélioration suite aux retours des utilisateurs et aux évolutions du marché ;
- Le Scrum Master : véritable facilitateur du processus, c’est un coach agile qui veille à la bonne application de la méthodologie Scrum et fluidifie la communication entre les membres de l’équipe, sans pour autant exercer d’autorité hiérarchique. Il organise et anime les événements Scrum et aide l’équipe à s’auto-organiser en éliminant les obstacles qui pourraient freiner la progression du projet ;
- L’équipe de développement : elle est composée des experts techniques qui conçoivent le projet, tels que les développeurs, les testeurs QA (Quality Assurance) et les UX/UI designers. Ce groupe est autonome et réalise les tâches listées dans le backlog afin de fournir un livrable fonctionnel à la fin de chaque sprint, tout en s’améliorant continuellement grâce aux événements Scrum organisés de manière récurrente.
Les artefacts Scrum : les outils de gestion du projet
Scrum repose sur trois documents cruciaux, appelés artefacts, qui garantissent la transparence et la bonne gestion du projet :
- Le Product Backlog ou backlog produit : c’est une liste ordonnée de toutes les tâches à effectuer pour développer le produit, qu’il s’agisse de fonctionnalités, d’améliorations ou de corrections à apporter. Ce document évolutif est géré et ajusté en permanence par le Product Owner. Le backlog contient des user stories, c’est-à-dire des descriptions des besoins du point de vue des utilisateurs ;
- Le Sprint Backlog : il s’agit de la sélection des tâches à réaliser lors d’un sprint ou cycle de développement, définie au début de cette itération. Ce document sert de plan d’action à l’équipe Scrum durant toute la durée du sprint. Là encore, il est évolutif : il peut faire l’objet de modifications en fonction des avancées et des imprévus ;
- L’incrément ou produit partiel : c’est le résultat du sprint, c’est-à-dire un produit potentiellement livrable et utilisable par les utilisateurs finaux. Ce livrable doit respecter la Definition of Done (DoD) qui est une liste de critères à atteindre pour considérer une tâche comme terminée. En s’ajoutant les uns aux autres au fil des sprints, les incréments permettent au produit d’évoluer progressivement.
Les événements Scrum : le rythme du projet
Scrum repose sur quatre événements clés, aussi appelés cérémonies, qui rythment chaque cycle de développement et assurent une gestion fluide du projet :
- Le Sprint Planning : au début de chaque sprint, l’équipe effectue une réunion de planification pour décider des tâches à réaliser lors du prochain cycle et les lister dans le Sprint Backlog. L’objectif ? S’assurer que chacun a une vision claire des missions et des priorités ;
- Le Daily Scrum ou Daily Stand-up Meeting : chaque jour, l’équipe Scrum se réunit pour un point rapide de quinze minutes, afin d’informer tous les membres de l’avancée de chacun, des difficultés rencontrées et des tâches qui vont être effectuées dans la journée ;
- La Sprint Review : à la fin du sprint, l’équipe présente l’incrément aux parties prenantes du projet. Le PO valide ou non les fonctionnalités livrées. Les membres du groupe récoltent les retours du client, des utilisateurs ou des équipes de management. En fonction de ces derniers, le Product Backlog est modifié pour y ajouter de nouvelles tâches ;
- La Sprint Retrospective : c’est la réunion finale du sprint. L’équipe effectue une analyse critique du cycle de développement, en soulignant les réussites et en tirant des enseignements des éventuels échecs. Des pistes d’amélioration sont identifiées dans le but d’optimiser le prochain sprint.
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Quels sont les avantages de la méthode Scrum ?
Selon Learnthings, dans le domaine informatique, 69 % des équipes ont adopté les pratiques agiles, Scrum étant en tête des approches utilisées en entreprise. Si cette méthodologie est l’un des frameworks les plus populaires dans le domaine numérique, c’est grâce à des avantages de taille qui la différencient des démarches traditionnelles :
- La flexibilité : grâce à l’évolutivité du Product Backlog et à la durée réduite des sprints, les équipes techniques s’adaptent rapidement aux modifications demandées par le client, aux retours des utilisateurs ou encore aux progrès technologiques. À la clé : une diminution du risque d’obsolescence des solutions développées ;
- L’amélioration continue : grâce à la Sprint Retrospective en fin de projet et à la valeur d’ouverture défendue par ses fondateurs, Scrum favorise l’innovation à travers la prise de recul permanente sur les méthodologies et les fonctionnements adoptés ;
- Une communication renforcée : à l’image de la mêlée lors d’un match de rugby dont elle s’inspire, la méthode Scrum favorise une collaboration intense et très régulière entre les membres de l’équipe, pour éviter les angles morts et résoudre collectivement les blocages ;
- Une livraison rapide : les cycles de développement courts permettent une livraison régulière sous forme d’incréments fonctionnels à la fin de chaque sprint. Le client peut ainsi tester les fonctionnalités progressivement et réduire le Time To Market (TTM), c’est-à-dire le délai écoulé entre l’idée du produit et sa mise en vente sur le marché ;
- Un engagement accru : les cérémonies Scrum, comme le Daily Stand-up Meeting, renforcent la cohésion des équipes et favorisent la transparence et l’application de chacun dans la réalisation de ses objectifs, pour donner lieu à une productivité accrue.
FAQ sur la méthodologie Scrum
Scrum est-il adapté à tous les types de projets informatiques ?
Scrum est idéal pour les projets complexes, nécessitant une forte réactivité et des ajustements fréquents. Cette méthode est particulièrement adaptée au développement de logiciels, aux applications web ou aux produits numériques innovants.
En revanche, pour des produits où les spécifications sont fixées dès le départ, comme certains systèmes embarqués ou les projets réalisés dans des domaines très réglementés comme la santé ou l’aéronautique, des méthodologies plus linéaires comme le cycle en V peuvent être préférables.
Quelle est la différence entre Scrum et Kanban ?
Scrum et Kanban sont deux approches agiles, mais ces méthodes comportent des différences cruciales. Scrum repose sur des sprints cadencés, des rôles définis, des événements réguliers et des artefacts structurés. Kanban fait en revanche appel à un flux de travail en continu, où les tâches sont organisées visuellement sur un tableau comportant plusieurs colonnes, et traitées à leur rythme.
Peut-on appliquer Scrum en tant que freelance ?
Oui, un travailleur indépendant peut appliquer à son travail des éléments de la méthodologie Scrum lors de la réalisation d’une mission freelance, notamment en gérant son backlog personnel ou en organisant ses tâches sous forme de sprints.
Dans le cadre d’une mission pour un client, il peut aussi être intégré à uneéquipe Scrum et participer activement aux cérémonies agiles. Certains freelances spécialisés en gestion de projet ou en développement agile peuvent également proposer leurs compétences de Product Owners ou de Scrum Masters sur une plateforme freelance.